La période est à la défiance. Défiance à l’égard des dirigeants, défiance à l’égard des laboratoires pharmaceutiques, défiance à l’égard des grandes entreprises… L’année 2020, avec son contexte si particulier, n’aura bien évidemment pas permis d’inverser cette tendance. Le secteur agro-alimentaire n’échappe pas à cette défiance des consommateurs, et la jungle des labels ne permet pas toujours de s’y retrouver. Alors si les labels et autres notations poussent les entreprises à s’améliorer, comment aider les consommateurs à s’y retrouver ?
Comme le révélait une étude parue début 2020, les Français sont de plus en plus méfiants envers les grands acteurs du secteur alimentaire et cette défiance atteint même des filières comme le bio, qui jusqu’à maintenant faisait office de labellisation fiable et reconnue par les consommateurs. En ajoutant à cela une défiance globale envers les grandes entreprises, tous secteurs confondus, le fossé paraît grand entre les acheteurs que nous sommes tous et les grands groupes agroalimentaires. La confiance n’est pas au rendez-vous et 68 % des consommateurs français sont même inquiets des effets possibles de leur alimentation sur leur santé. Et sur ce point, même les enseignes bio sont en perte sont sur la mauvaise pente, avec une perte de 4 points depuis 2016. Ajoutons à cela que 62 % des Français ont intégré la préoccupation de l’environnement dans leur consommation, et le tableau est complet pour justifier le besoin d’une évaluation fiable des produits -que ce soit sur la santé, la qualité ou l’environnement- et de leurs fabricants.
Labels et notations : bienvenue dans la jungle
En remontant quelques décennies en arrière, on retrouve le populaire Label Rouge, créé en 1960 et aujourd’hui devenu le label alimentaire le plus connu des Français (99% le reconnaissent et 83% s’y fient), qui atteste de la qualité d’un produit agricole français ou européen. Le label Agriculture Biologique, créé en 1985, se place comme le deuxième label le plus reconnu et jugé fiable par les consommateurs (99% le reconnaissent et 88% s’y fient). Au delà de ces deux champions, la multitude de labels plonge les consommateurs dans le flou : AOC, AOP, IGP, FairTrade, Bleu Blanc Coeur, Saveur de l’année, MSC… la liste est sans fin ! A ces labels s’ajoutent les notations ou allégations également présentes sur les emballages : le Nutri-Score pour évaluer les qualités nutritionnelles, l’impact carbone notamment testé par le groupe Casino dès 2008, « sans sucre ajouté » ou autre « pur beurre »… Mais aussi parfois la labellisation de l’entreprise metteuse sur le marché, avec par exemple le label PME+ qui atteste de la démarche RSE de la PME qui a fabriqué le produit. De quoi s’y perdre vraiment, et pour quels résultats ?
Des données pour informer
Preuve que les consommateurs se sentent perdus, l’utilisation grandissante des applications comme Yuka, Siga ou encore ScanUp qui permettent de se faire aider dans le choix des produits. Les labels restent une preuve mais les consommateurs se fient à la note donnée par leur application préférée. Pour les entreprises productrices, cela signifie qu’en plus de devoir afficher des labels connus et reconnus, elles sont attendues sur la qualité de leurs produits qui est souvent évaluée sur la foi des bases de données publiques sur la composition des produits. En conséquence, la course aux listes d’ingrédients courtes, aux produits clean label et aux produits sains est lancée. Et c’est tant mieux ! Ce type de notation pousse donc les entreprises vers une progression permanente, demandée par les consommateurs. Et dans cette course, les PME ont un rôle à jouer puisqu’elle cristallisent moins de défiance que les grands groupes.
Simplifier et faire converger les notations
Pourtant, alors que les applications, notations et autres labels cités sont pour la plupart focalisés sur un seul aspect -qualité, agriculture biologique, nutrition, etc.- les consommateurs ont des attentes et des sensibilités différentes. Quand certains privilégient l’agriculture biologique, d’autres souhaitent faire travailler des PME locales, alors que d’autres sont sensibles aux relations équitables avec les fournisseurs… Comment alors avoir une vision globale des qualités -au sens très large- d’un produit alimentaire ? Une réponse intéressante est apportée par La Note Globale. Cette association propose une notation unique qui évalue la chaîne de valeur du produit au prisme de la RSE. Sans effacer les autres labels ou certifications existants, La Note Globale les inclut dans ses critères de notation. Six thématiques sont ainsi prises en compte : environnement, nutrition & santé, bien-être animal, impact économique positif, traçabilité & transparence et démarche sociale de l’entreprise. Le tout regroupé dans une note unique présente sur l’emballage. De quoi répondre aux attentes grandissantes et variées des consommateurs, et d’inciter toujours les entreprises à plus de résultats et de transparence.
Sébastien Magnan